Le 22 mars dernier a été publié le rapport tant attendu par nous tous, sur la profession de Manipulateur d’électroradiologie médicale. Ce document produit par l’IGAS, suite à une lettre de mission du Ministre des Solidarités et de la Santé O. Véran le 31 juillet 2020, avait pour objectif de faire un diagnostic sur la démographie, l’attractivité ou plutôt le défaut d’attractivité, les organisations du travail à l’hôpital et enfin la pertinence du développement des pratiques avancées.
Il faut tout d’abord saluer le travail très complet et fouillé des inspecteurs qui ont mené, dans un contexte assez compliqué, de nombreux entretiens auprès de l’ensemble des parties prenantes de ce métier. Ils ont bien compris que nous étions des soignants, et d’ailleurs les premiers mots du rapport reprenant les termes du ministre dans sa lettre de mission sont : « les manipulateurs (…) sont des professionnels de santé à la fois soignants et techniciens ».
Globalement ce rapport relève ce que les professionnels et leurs associations savaient déjà, mais il a le mérite de confirmer, rendre visible et légitimer les constats. Le premier d’entre eux est le problème lié à la démographie et au manque de fiabilité des outils de suivi de la population professionnelle, en particulier, du fichier Adeli (répertoire national qui recense les professionnels de santé réglementés en mentionnant leurs lieux d'exercice et leurs diplômes) et l’absence d’outil statistique concernant les effectifs des cabinets libéraux. Cette imprécision démographique se combine à une augmentation constante de l’offre de soins en Imagerie et en radiothérapie qui génère des besoins en professionnels supérieurs aux ressources disponibles et aux nouveaux formés dans les centres de formation.
Les conclusions sont claires, la profession est en tension et manque terriblement d’attractivité du fait de l’absence de parcours évolutif et d’un processus d’universitarisation trop limité.
Les conclusions insistent sur l’indispensable intérêt de renforcer l’attractivité de la profession pour conserver les jeunes en formation, assurer des poursuites de formation et des possibilités d’évolution ou de spécialisation aux professionnels dans des secteurs d’activités où les parcours de soin se complexifient, imposant une présence de professionnels intermédiaires et un soutien à la démographie médicale vacillante.
Ce rapport préconise 26 recommandations qui sont concordantes avec les revendications des professionnels cliniciens et formateurs et des associations, telles la prime Veil et la mise en œuvre des dispositifs de valorisation de la fonction publique, l’augmentation des effectifs dans les centres de formation, l’égale indemnité des étudiants dans les filières, l’ouverture d’accès aux CNU (Conseil national des universités) pour permettre aux MEM les mêmes possibilités de carrière universitaire, l’évaluation et le renforcement de l’universitarisation des études comme pour toutes les filières réinigéniées, le développement des parcours professionnels au travers de spécialisation et pratiques avancées…
En écho avec l’IGAS, que nous importe le diplôme unique ! C’est de la préservation de la qualité de formation et de la professionnalisation qu’il s’agit, du rôle des professionnels dans ces parcours pour garantir des enseignements situés, des apprentissages expérientiels, éviter les enseignants hors sol. Entre nous, et parce que nous avons assisté aux différentes tentatives infructueuses entre le Ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse, et la Direction générale de l'Offre de soins (DGOS), nous ne croyons plus au diplôme unique, même s’il serait pertinent !
Nous nous réjouissons de voir que ces recommandations sont assorties d’une priorisation, d’une autorité responsable et d’un délai de mise en œuvre, conformes à tout plan d’actions, même si nous avons quelques doutes sur la tenue des délais.
La mission a aussi mis en exergue la limite des perspectives d’évolution de notre profession. Elle a bien noté le besoin de poursuivre les travaux entamés pour faire reconnaitre les compétences des manipulateurs échographistes au niveau de pratiques avancées lorsqu’ils établissent un diagnostic. Entre les lignes, elle propose aux médecins de trouver un consensus entre ceux qui soutiennent et forment leurs collaborateurs et ceux qui sont farouchement opposés à leur évolution.
Pour d’autres pratiques avancées, il conviendra de démontrer l’intérêt de développer ces nouvelles compétences intermédiaires (consultations de suivi thérapeutique en radiothérapie, pratiques interventionnelles par ex ) .Il faut valoriser les actions concrètes avec l’appui des professions médicales. A noter, une recommandation qui fait expressément référence au processus de reconnaissance du métier de dosimétriste « …comme voie de spécialisation des MEM indépendamment de la réflexion sur la création d’une pratique avancée en radiothérapie… »
Au total, dans un secteur en pleine expansion, l’urgence aujourd’hui est certes de se focaliser sur l’attractivité de notre métier mais en travaillant aussi à créer des parcours professionnels, des spécialisations, des protocoles de coopération mais surtout des pratiques avancées en s’associant avec les professions médicales, ce que le CNPMEM s’efforce de faire depuis plus d’une année maintenant.
Notons que l’annonce du 12 avril 2021 sur la revalorisation substantielle des grilles de rémunération des personnels soignants, médicotechniques et de la rééducation va dans le sens d’une meilleure reconnaissance de nos métiers. Attendons cependant sa mise en application concrète pour être sûr qu’il ne s’agisse pas de simples effets d’annonces.
Continuons également à soutenir l’intégration des manipulateurs enseignants au sein des universités.
Plus que jamais, les bénévoles de vos associations sont motivés pour mettre en lumière et faire avancer notre profession !